Un potentiel de hausse très limité pour le blé
Malgré une situation qui reste tendue, les marchés devraient rester baissiers pour le blé tendre d’ici la fin de la campagne.
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Selon Argus media, les stocks de fin de campagne de blé tendre chez les principaux pays exportateurs devraient s’élever à 61 millions de tonnes (Mt), soit 5 Mt de moins que la campagne précédente. « On retrouverait des niveaux similaires à 2019-2020 et 2020-2021, mais la répartition de ces stocks est différente », relève Arthur Portier, d’Argus media, à l’occasion du Paris Grain Day, le 25 janvier 2024.
La Russie en compterait en effet 12 Mt, soit 20 %. « C’est assez dangereux, souligne l’analyste. Si un souci climatique survenait chez l’un des pays exportateurs, les acheteurs internationaux devraient se fournir en Russie, et on sait comment le Kremlin en fait un poids diplomatique. »
Le maïs participe cependant à l’élan baissier du blé. Avec 60 Mt, les stocks de fin de campagne de maïs des principaux pays exportateurs, additionnés à ceux du blé, atteindraient 120 Mt, c’est-à-dire des niveaux au plus haut depuis 2019-2020.
Les greniers de l’hémisphère nord sont pleins
« Hors nouvel élément, dans la situation actuelle, il sera difficile d’être haussier sur les marchés du blé et du maïs, en raison de la forte compétition entre les origines russes, ukrainiennes et européennes à l’exportation », appuie Arthur Portier. Il reste en effet beaucoup de blé à exporter sur la seconde partie de la campagne, en particulier en Russie, dont la production a été très importante pour la troisième année consécutive. Selon lui, les stocks de blé russes s’élevaient à 22 Mt fin décembre 2023, contre 13 Mt l’année précédente.
Fin janvier 2024, la France n’avait quant à elle réalisé que 50 % de son objectif export vers les pays tiers. « L’année dernière, qui était exceptionnelle, on était à 80 % à date, rappelle Arthur Portier. Par ailleurs, les Ukrainiens retrouvent un rythme décent d’exportation, à hauteur de 7 Mt par mois toutes matières premières confondues, dont du maïs. En plus d’une compétition entre les origines, il y a également une compétition entre les différents produits. » L’Ukraine retrouve ainsi un rôle clé sur le marché des grains.
En conséquence, « les Russes cassent leurs prix, souligne Arthur Portier. On observe une fuite en avant de toutes les origines, car toutes doivent gagner en compétitivité pour capter des parts de marché sur la scène internationale. » Il note une convergence des prix du blé à 240 $/t Fob Rouen début 2024. « L’exagération baissière à 220 $/t risque d’arriver dans les prochaines semaines ou prochains mois, la compétition entre toutes les origines étant trop forte », affirme-t-il.
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